Une croissance organique solide, mais in\u00e9galement r\u00e9partie<\/h2>\u00c0 l\u2019issue du premier trimestre 2025, Herm\u00e8s a affich\u00e9 un chiffre d\u2019affaires de 4,13 milliards d\u2019euros, en hausse de +9 % \u00e0 taux courants (+7,2 % \u00e0 taux constants), preuve d\u2019une dynamique commerciale encore vigoureuse malgr\u00e9 une base de comparaison exigeante.

Toutes les zones g\u00e9ographiques sont en croissance, avec des pics notables en France (+14 %), en Europe hors France (+13 %) et en Am\u00e9rique (+11 %), dop\u00e9e par les \u00c9tats-Unis. Le Japon se distingue aussi avec un bond de +17 %, tandis que l\u2019Asie hors Japon, affect\u00e9e par un ralentissement chinois, ne progresse que de +1 %.

Du c\u00f4t\u00e9 des m\u00e9tiers, la Maroquinerie-Sellerie, qui p\u00e8se pour 44 % du chiffre d\u2019affaires trimestriel, maintient un rythme soutenu \u00e0 +10 %. Les autres segments \u2013 V\u00eatements et Accessoires, Soie, Bijouterie \u2013 poursuivent leur d\u00e9veloppement. Seule ombre au tableau : la division horlogerie recule de 10 %, tandis que la parfumerie reste stable. Ce contexte op\u00e9rationnel de qualit\u00e9 s\u2019appuie sur des fondamentaux rares dans l\u2019univers cot\u00e9 : marge op\u00e9rationnelle courante de 40,5 % en 2024, r\u00e9sultat net repr\u00e9sentant 30,3 % des revenus, et un free cash-flow ajust\u00e9 de 3,77 milliards d\u2019euros. La tr\u00e9sorerie nette d\u00e9passe les 11,6 milliards d\u2019euros, offrant une flexibilit\u00e9 strat\u00e9gique sans \u00e9quivalent dans le secteur du luxe.

Et pourtant...

Des signaux techniques et fondamentaux \u00e0 surveiller<\/h2>Si l\u2019action Herm\u00e8s reste une valeur de conviction pour de nombreux investisseurs long terme, la configuration actuelle invite \u00e0 plus de discernement. Depuis d\u00e9but mars, le titre a bascul\u00e9 dans une tendance technique moins favorable. Les analystes ont r\u00e9cemment amorc\u00e9 un cycle de r\u00e9visions b\u00e9n\u00e9ficiaires \u00e0 la baisse. Une \u00e9volution symptomatique du ralentissement perceptible en Asie et d\u2019un ajustement global des attentes sur le luxe.

Malgr\u00e9 cela, Herm\u00e8s surperforme encore l\u2019indice STOXX600 sur un mois glissant, preuve de la solidit\u00e9 de sa base d\u2019investisseurs. La fid\u00e9lit\u00e9 de sa client\u00e8le, la raret\u00e9 contr\u00f4l\u00e9e de son offre et son mod\u00e8le d\u2019int\u00e9gration verticale continuent d\u2019offrir une lecture d\u00e9fensive-premium recherch\u00e9e dans les portefeuilles patrimoniaux. Le d\u00e9ploiement de nouvelles manufactures de maroquinerie et la r\u00e9novation de boutiques embl\u00e9matiques \u00e0 Florence, Bangkok ou Taichung t\u00e9moignent d\u2019un effort constant de valorisation de la marque. Reste que ces \u00e9l\u00e9ments ne suffisent plus \u00e0 soutenir, seuls, la valorisation actuelle.

Action Herm\u00e8s : une prime de valorisation qui atteint ses limites<\/h2>\u00c0 2 287 euros, l\u2019action Herm\u00e8s se n\u00e9gocie sur la base d\u2019un PER estim\u00e9 de 38x, soit plus du double de la moyenne du secteur (16x). Historiquement, le PER m\u00e9dian d\u2019Herm\u00e8s est autour de 40. On reste donc proche des plus hauts, sans marge de s\u00e9curit\u00e9 significative. La prime qui s\u2019explique notamment par sa croissance b\u00e9n\u00e9ficiaire, estim\u00e9e \u00e0 25,6 % \u00e0 long terme. Mais dans le contexte actuel, ce niveau de valorisation commence \u00e0 susciter des interrogations. L\u2019objectif moyen des analystes s\u2019\u00e9tablit dans une fourchette de 2 550 - 2691 euros, soit une progression potentielle de +11 % \u00e0 +17 %, certes non n\u00e9gligeable. Mais la valeur comptable repr\u00e9sente \u00e0 peine 7 % du cours, signe d\u2019un \u00e9cart structurel potentiel entre valorisation boursi\u00e8re et actifs nets tangibles. Ce n\u2019est pas tant un exc\u00e8s de confiance qu\u2019un manque de catalyseur qui freine aujourd\u2019hui la hausse du titre.

Dividende modeste, mais une logique de r\u00e9investissement coh\u00e9rente<\/h2>Le dividende vers\u00e9 reste faible (22,50 euros), avec un rendement de 0,9 %, loin de la moyenne sectorielle de 2,8 %. Ce choix strat\u00e9gique s\u2019inscrit dans une politique assum\u00e9e de r\u00e9tention des r\u00e9sultats pour financer la croissance organique. Ce mod\u00e8le autofinanc\u00e9, sans recours \u00e0 l\u2019endettement ni croissance externe, continue de s\u00e9duire, mais il n\u00e9cessite aussi une foi constante dans la trajectoire du groupe.

Faut-il acheter l\u2019action Herm\u00e8s maintenant ?<\/h2>Herm\u00e8s demeure l\u2019une des valeurs les plus qualitatives du CAC 40. Son mod\u00e8le \u00e9conomique, son autonomie strat\u00e9gique, la r\u00e9silience de sa base client et sa rentabilit\u00e9 hors norme en font un actif recherch\u00e9 dans les phases de stress de march\u00e9. Mais l\u2019action Herm\u00e8s n\u2019est pas \u00e0 l\u2019abri d\u2019un retour de balancier si la d\u00e9gradation conjoncturelle se poursuit en Asie, en particulier en Chine, o\u00f9 la demande reste fragile. Dans un portefeuille diversifi\u00e9, elle reste un pilier d\u00e9fensif \u00e0 long terme. Mais pour un investisseur actif, l\u2019attente d\u2019un point d\u2019entr\u00e9e plus bas pourrait offrir un meilleur ratio rendement\/risque. Surtout si le march\u00e9 venait \u00e0 corriger sous l\u2019effet de nouvelles r\u00e9visions b\u00e9n\u00e9ficiaires.